samedi 25 décembre 2010

La souffleuse

C'est l'hiver, c'est l'hiver, c'est l'hiver...
Un autre exemple de la durabilité des choses... anciennes. Ou comment les objets, avant que l'on sombre dans la surconsommation, avaient une durée de vie "utile" nettement plus viable et longue. Et cela, toujours dans la thématique de l'observation de la conscience de fabrication.

Il y a quelques années, j'ai trouvé au fond d'une cour une vielle souffleuse abandonnée, une grosse Bertha antédiluvienne qui avait passé visiblement les dernières années dehors, sans entretien et ni même qu'on l'ai utilisée. Bref, une épave.
Ayant fait de la restauration de motos anciennes, je m'étais mis au défi de lui redonner vie. Pour ce faire, un démontage sommaire et un nettoyage de composants s'imposaient. Je m'attendais à devoir y mettre du temps et de la sueur car la piteuse allure de la veille machine n'annonçait rien de bon. Mais je n'ai pas pu obtenir le mérite d'avoir travaillé d'arrache pieds, car la bête s'est rapidement réveillée et, non contente de retrouver ses sens (et son essence) a vrombit tout l'hiver avec une fiabilité... remarquable.

En toute logique mécanique, pour obtenir de bons résultats l'hiver suivant, j'aurais dû faire ce qu'il fallait afin qu'aucun fluide ne puisse encrasser les systèmes de la machine. Mais je n'ai rien fait. Pourtant, l'hiver suivant, son moteur a démarré au quart de tour sans broncher et m'a offert un autre hiver de fiabilité mécanique.

Bien sûr, il s'agit d'une grosse et lourde machine capable d'engloutir tout sur son passage. Bien sûr aussi son moteur deux-temps pollue comme quatre et m'enrobe d'une senteur tenace. Je me sens comme un aviateur de la première guerre, enfumé et huilé à souhait, fier de mon exploit, après avoir englouti et déplacer des tonnes de neige.

Alors me voyant suer à manœuvrer ce tank, une âme charitable m'a fait don d'une souffleuse plus moderne, plus léger et plus maniable.
Je me disais qu'il fallait bien que je mettre à jour mon comportement hivernal (et environnemental). Mais alors que j'entrepris le premier dégagement de neige, la fringante machine moderne ne m'offrit que dix minutes de fonctionnement, pour finalement se taire pour la séance. N'étant pas un novice en ce qui concerne ce genre de moteur, j'ai tenté de réveiller la fragile mécanique par tout les moyens que je connais. Mais en vain. J'ai donc ressorti ma vieille Bertha.

Une autre bordée de neige, une autre chance d'utiliser la petite machine espiègle... Mais cinq minutes auront suffi pour qu'elle déclare forfait à jamais. A-t-elle eu peur de nos bancs de neige? Ma grosse Bertha lui passant devant, j'aurais pu sentir de la vanité de cette dernière, tant elle rugissait de plaisir à manger la neige.

Bref, cela donne un autre exemple que les vieilles bonnes machines ont encore leur place dans ce bas monde!

dimanche 12 décembre 2010

L'émanation mnémonique spontanée chorégraphiée

En se basant sur le concept de L'émanation mnémonique spontanée transposée en danse contemporaine, je verrais une étude comparative des gestes d'un ouvrier artisan et des mouvements d'une machine manufacturière, mettre en parallèle des mouvements humains et mécaniques avec en point commun : Le temps. Toutefois, cette perception du temps serait différente selon si l'homme ou la machine l'exploitent. Mais la machine est aussi manipulée par l'homme. Et c'est là que l'on sort du cliché homme-machine car s'installe alors une certaine ambiguïté, une complexité de langage qui serait tout un défi à transposer sur scène.

En fait, ce qui m'intéresserait d'explorer c'est la transposition en mouvement de cette conscience passée du temps et du souci que l'on mettait à concevoir et fabriquer quelque chose. Il y avait cette tendresse de la forme, cette souplesse visuelle qui faisait en sorte que la moindre fournaise, poulie ou corniche avait une âme esthétique, fonctionnelle et une durabilité sans pareille. L'idéalisme du futurisme transparaissait. La si belle naïveté du modernisme aussi.

C'est très embryonnaire comme idée. Je ne suis pas chorégraphe, mais je suis certain qu'un créateur en danse saurait faire surgir des éléments significatifs qui pourraient concrétiser cette idée, voire aller beaucoup plus loin.

Et pourquoi pas une version théâtrale? Oui, peut-être, mais je pense que de mettre des mots serait peut-être à l'encontre de l'idée de flou visuel abstrait de l'émanation mnémonique spontanée. Bref un autre défi de transposition, mais comme j'aime écrire, ce serait peut-être un défi intéressant qui me ferait découvrir d'autres facettes de ma démarche.

Lire aussi : Toiles en mouvements

La façade ocre

La façade ocre
acrylique sur toile - 2008 - 34" x 24" (81,3 cm x 61,0 cm)

Série "Usines"
www.alec5.com

lundi 6 décembre 2010

Le couteau suisse

photo : Jordy B
Par ces temps de remise en question, nous parlions l'autre jour, une amie et moi, de nos situations respectives. Décrivant ce que je faisais, ce qui m'intéressait et ce que je pouvais offrir comme aptitudes dans divers champs d'activités, une image a alors surgit :

Je me sens comme un couteau suisse. L'image est évidemment très ironique! Je me sens comme cet outil multifonctionnel dont on n'utilise que la lame principale.

Je sais que je peux aller plus loin, explorer des domaines que je n'ai jamais fréquentés, des terrains fertiles où je pourrais décupler ma créativité.

Toujours dans cette idée de partir d'un concept et se demander dans quelle sphère autre que celle d'origine on pourrait l'amener, je vois ma peinture en film, en théâtre, en danse, en musique... Ma démarche, l'émanation mnémonique spontanée, est une sorte glaise de départ, riche et malléable dont on peut sculpter toute sorte de formes d'art. L'émanation mnémonique spontanée pourrait engendrer un texte et des images dont on pourrait se servir pour raconter l'histoire de cette conscience du temps qui passe et qui dur, autant sur les gens que sur les objets.