mardi 26 octobre 2010

Amalgame

Le tour
acrylique sur toile - 2010 - 36" x 24" (91,4 cm x 61,0 cm)

série "Usines" www.alec5.com
Avec cette toile, je peux dire que j'ai fait l'amalgame de plusieurs séries, plusieurs époques de mon parcours pictural. Mélange de Mécaniques, de Formes noires, d'Usines et de cette récente incursion dans le figuratif...

Le tour, c'est la machine poussiéreuse et muette au fond de l'atelier plongé dans la pénombre. C'est la résonance de la masse d'acier désormais inerte qui pourtant témoigne de son époque. Elle dort d'un sommeil dont elle ne se réveillera jamais. Tombée en désuétude, elle capte le regard par sa forme complexe et incompréhensible pour le néophyte. Il suffirait qu'on la branche à nouveau, au risque de faire forcer les rouages internes, grippés par l'oubli. Elle rugirait alors de toute sa force tranquille, impassible et pourtant si puissante. Mais pas le moindre ampère ne circulera dans ses entrailles de filage de cuivre, de poulies et de pignons dentelés. Son arbre rotatif est figé à jamais. Ce tour n'usinera plus aucune pièce mécanique.

Pour ceux qui ont déjà utilisé un tour, soit pour façonner une pièce de métal, soit de bois, n'avez-vous jamais été envoûté par la transformation de la matière en rotation? Créer une pièce au tour est une expérience de puissance et de finesse tout à la fois.

Aujourd'hui les tours sont numériques. On entre des coordonnées dans un ordinateur, ou plus simplement encore, on transfert un fichier CAD et hop, ça part tout seul. À l'intérieur d'une chambre vitrée, une tête fraise en six axes la pièce à fabriquer, noyée dans un jet d'eau et d'huile. Bref, on regarde. On ne touche pas! On ne vit plus le rapport de force avec la matière. Gruger dans le métal ou le bois à l'aide de divers couteaux et burins est une sensation unique.

Oui, ça prenait plus de temps, oui c'était peut-être moins précis, quoique certains tourneurs étaient de véritables orfèvres, et oui c'était plus dangereux... Mais à vivre sans danger, on vit sans saveur.

lundi 25 octobre 2010

Mémoire dansante - L'exposition

La géante noire
acrylique sur toile - 2009 - 48" x 72" (121,9 cm x 182,9 cm)

série "Formes noires" www.alec5.com



















Exposer dans le vaste hall d'une école de danse est pour moi un clin d'oeil, car dans une autre vie, j'ai fait de la danse classique.

En fait, je m'étais fait embarquer par un vieux professeur russe, monsieur Tcheremissinoff. Ma grande soeur suivait des cours dans son école. Lorsque j'allais la chercher, voyant mon air quelque peu moqueur à l'endroit de ces ballerines en tutu et de leurs courbettes gracieuses, monsieur Tcheremissinoff m'avait mis au défi d'accomplir les grands sauts masculins. Et c'est là que j'ai compris qu'il y avait une notion athlétique à cet art. J'ai donc dansé durant près de deux ans. Malheureusement, ce merveilleux professeur est décédé et avec lui, mon engouement pour cette discipline, que je considérais en fait plus comme une sorte de sport.

La suite semble paradoxale, car cherchant un autre sport, un ami m'a fait découvrir la boxe. Drôle de suite! Mais en fin de compte, pas si incompatible que cela, car le professeur de boxe fut très impressionné par mon déplacement sur le ring : « Tu as un sacré jeu de jambes! Où est-ce que tu as appris à te déplacer comme ça? »


Exposition "Mémoire dansante"
du 3 novembre 2010 au 30 janvier 2011
VERNISSAGE vendredi 5 novembre, 18h
Studio Bizz
551, avenue du Mont-Royal Est, 3e étage
Montréal, Québec, H2J 1W6

mardi 19 octobre 2010

Furtif figuratif, encore une fois?

Le petit fleuve, acrylique sur toile - 2010
22" x 28" (55,9 cm x 71,1 cm)

série "Formes noires" www.alec5.com




Pour moi, le figuratif engendre une contrainte de fabrication d'image qui me freine dans ma liberté de peindre. J'ai toujours privilégié la spontanéité du geste, l'imprévu de l'improvisation, l'accident créatif. Le figuratif me pousse à me diriger vers la finalité de l'image. Il s'agit bien plus, à mes yeux, d'interprétation que de création.

C'est drôle, mais lorsque je faisais de la musique, lorsque je chantais, j'étais confronté au même constat. Je me suis vite rendu compte que je n'étais pas un interprète. Pas dans le sens de "reproducteur". Je préférais de loin triturer, malaxer et transformer la chanson pour la détacher de son socle et en faire quelque chose d'autre. C'est d'ailleurs pour cela que j'avais ressenti le besoin de créer mes propres chansons.

La manufacture, acrylique sur toile - 2010
28" x 22" (71,1 cm x 55,9 cm)

série "Usines" www.alec5.com
En peinture, je pensais pouvoir explorer une voie plus figurative. Il y a nombre d'images que je vois, qui m'inspirent, qui me parlent et que j'aurais envie de peindre. Mais en faisant l'expérience du figuratif à quelques reprises, je me rends compte à chaque fois que je me sens devoir contrôler un résultat au lieu d'explorer librement un terrain ouvert.

C'est pour cela que je me replonge aussi à chaque fois dans la pure action de peintre, dans l'abstraction. Et même si je flirte avec le figuratif dans ma série "Usines", c'est bien plus un jeu de séduction passive envers les images qui roulent dans mon esprit qu'une proposition déclarée.

Je n'ai peut-être pas la patience du peintre de longue haleine, celui-là même qui répondra avec une fierté certaine du travail accompli à la sempiternelle question : "Combien de temps ça vous prend pour faire une toile? ". Cette question m'a toujours agacé. Comme si le temps passé à son exécution était la mesure qualitative d'une oeuvre. Et d'ailleurs, pourquoi parler d'exécution? Personne n'est condamné à peindre!

lundi 18 octobre 2010

Projet Mutin






Projet Mutin, une voiture biplace tri-roues sport mue par un moteur de moto. Un autre projet fou, après le sous-marin Omer, issu du cerveau d'Éric Deschamps.
Éric connaissait mon goût des mini-véhicules bizarres, dont la fameuse Messerschmitt KR 175. Il m'a proposé d'esquisser une vision moderne de cette dernière.
Nous avions même parti une compagnie et nous avions trouvé quelques investisseurs dont une banque. Mais il fallait se mesurer au ministère du transport. Nous étions dans les années 90... Bref, beaucoup trop tôt.
Aujourd'hui, en voyant les véhicules trois roues de BMR, je me dis que si nous avions encore aujourd'hui l'énergie de nos 25 ans...

dimanche 17 octobre 2010

Le sous-marin



Le projet le plus fou auquel j'ai participé est sans nul doute le projet Omer, un sous-marin à propulsion humaine détenteur, depuis 1995 du record du monde de vitesse sous l'eau. Omer en est à sa huitième version et conserve son titre d'année en année.

Tous a commencé lorsqu'un ami étudiant en génie mécanique à l'ÉTS (École de Technologue Supérieure, à Montréal), Éric Deschamps, est venu me voir en me disant : « Tu n'es pas fatigué de dessiner des voitures que tu ne feras probablement jamais? Et si on dessinait un sous-marin? »
Ben voyons! Un sous-marin!
Mais Éric avait son idée en tête. Un de ses amis lui avait apporté le formulaire d'inscription d'une course inter-universités et internationale de sous-marin à propulsion humaine. Le but : Concevoir la forme hydrodynamique la plus efficace par rapport à la puissance que peu fournir un plongeur-pédaleur à 15 pieds sous l'eau. Ah, oui, le sous-marin est plein d'eau. Effectivement, pour des raisons de sécurité, le pédaleur et le barreur sont en combinaison de plongée autonome à l'intérieure de la coque pleine d'eau. Ainsi, pas de problème de pression.

Et c'est ainsi, qu'au bord du lac Memphrémagog, nous avons commencé les premières esquisses d'Omer. Nous nous sommes rapidement aperçus qu'il nous fallait des moyens considérables pour mettre notre projet au jour. Alors Éric est allé voir son directeur de département à L'ÉTS et à proposer de faire d'Omer un projet étudiant. Ainsi nous aurions à disposition des ateliers et de l'expertise pour construire notre sous-marin.

Deux ans après, nous avons participé à notre première course en Floride, à Fort Lauderdale. Cette première année, nous n'avions pas gagné le concours de vitesse, mais nous avons remporter le prix de design et innovation, car Omer était le premier sous-marin à embarquer un ordinateur étanche qui analysait le déplacement de l'eau sur la coque (le flux laminaire) afin d'ajuster le pas variable de l'hélice de propulsion.
C'est ce qui a fait gagner Omer l'année suivante et établir une nouvelle marque mondiale de vitesse sous l'eau en propulsion humaine. Puis, les versions suivantes du sous-marin ont régulièrement amélioré le temps.

Il y a eu les biplaces, les monoplaces, les "sans hélice", les mono-pédaleurs, les bi-pédaleurs... Bref, Omer, dans toutes ses versions a remporté le prestigieux prix.

J'ai été le premier propulseur pour les premiers essais en mer. Les courses ont eu lieues par la suite en bassin hydrodynamique, à Washington.

Omer est devenu ainsi un des projets étudiant phare de l'école. De nombreuses équipes se sont succédé aux cours des années, et beaucoup d'entre nous avons fait des carrières en design ou en ingénierie.

Un projet dont je suis très fier.

vendredi 15 octobre 2010

Exposition "Mémoire dansante"

Exposition solo
du 3 novembre 2010
au 30 janvier 2011
VERNISSAGE
vendredi 5 novembre, 18h

Studio Bizz
551, avenue du Mont-Royal Est, 3e étage
Montréal, Québec, H2J 1W6

jeudi 7 octobre 2010

Design d'intérieur


Présentoirs et réception de Oakley Canada

J'ai eu le plaisir de créer ces meubles pour Oakley à une époque où j'étais le jour la tête dans le design et la nuit les mains dans la mécanique. C'est donc très naturellement que mon univers métallique s'est fondu dans l'univers de Oakley.


mardi 5 octobre 2010

Ingersoll

Ingersoll, acrylique sur toile - 2010
40" x 40" (101,6 cm x 101,6 cm)

série "Hors Série" www.alec5.com
Un autre essai. Trop sage à mon goût. Je ne sais pas encore où je m'en vais avec cette variation de ma démarche. J'observe. Autant ces vieilles machines que ce que j'ai envie de faire. Comme ce blogue existe pour témoigner de l'évolution de ma démarche, je m'oblige à montrer sans pudeur ce que peut-être j'aurais caché jusqu'à ce que cela représente bien ce que je veux atteindre comme facture d'image et de message. Toutefois, ce qui me fait déjà réagir et aimer cette direction, est que je "colorise" bien plus facilement mes toiles.

Le piège, et je suis partiellement tombé dedans avec cette toile, je crois, est de vouloir parfaire l'image pour bien interpréter ce que l'on voit. Hors justement, il est bien plus question de se délester du résultat "image" et de s'aventurer dans l'exécution de cette image.
Avec Tuyaux de fonte 2, je crois avoir bien plus atteint ce que je recherche : que l'oeil puisse percevoir l'histoire, le vécu de l'objet, bien plus que sa forme ou son image. 

C'est toujours une réflexion sur la mémoire, sur le souvenir imprégné d'une époque où l'on vivait avec le temps et non contre celui-ci, où la durabilité était gage de qualité.
Pourquoi je cherche à observer et à me souvenir d'un temps qui n'est pas vraiment le mien en fin de compte, car trop jeune pour m'en souvenir réellement? Quoique je puisse me souvenir de l'éternité d'une minute à observer la poussière virevoltant dans la pénombre.
Je suis épuisé de vivre ce compte à rebours constant que nos vies que l'on dit modernes nous imposent.


J'essaie de retrouver ce rythme calme et serein où chaque minute compte, surtout en peignant. Mais même à cela, le temps m'est compté.