jeudi 7 février 2013

Mini velo


Voir le résultat de mois de travail enfin en "vrai" est toujours quelque chose de spécial, d'euphorisant, voire d'intimidant.

Longtemps avant il y a un "flash", une simple petite idée embryonnaire, ce que j'appel le "Et si...", rapidement suivit du "Wow, ce serait cool!!"

Certes, on ne réinvente jamais la roue, mais on peut faire les choses autrement. Ce que j'aime le plus en design, c'est renversé la vision que l'on peut avoir d'un concept et le regarder sous un autre angle, au risque de ne pas être compris car cela sort souvent des conventions établies. Et Dieu sait si la plupart des gens ont besoin de ces conventions établies pour pouvoir juger en se référent à quelque chose de connu.
Alors, si l'idée se maintient, on projette cette vision 3D en dessin 2D. On esquisse quelques croquis, puis, par une illustration, on essaie de coller à cette vision, à cette intime conviction d'un nouveau concept. Alors on passe au dessin technique afin de valider le concept par des mesures précises.

Mais bien au-delà du dessin technique, on essaie de ressentir les formes, les courbes, les forces, les points de stress du métal. On essaie de pressentir le comportement du vélo. On calcule alors une géométrie nouvelle, complètement adaptée au concept. On teste des agencements de couleurs. Et comme tout oeuvre, on lui trouve un titre, un nom. Étrangement, même si le travail technique est considérable, c'est souvent le nom qui est le plus ardu à trouver.

Dans ce cas, en fait, cela n'a pas été si difficile. Autant pour la couleur que pour le nom, cela est tombé sous le sens. J'avais la vision d'une petite voiture de sport racée... Une Ferrari. La couleur était donc évidente et le nom... Enzo!

Donc, voir le résultat de mois de travail est enivrant, surtout lorsqu'on réalise que les calcules sont justes et que le vélo se comporte parfaitement bien malgré le mini diamètre des roues (20"). Alors on scrute les erreurs, on cherche ce qui pourrait clocher, ou ce qui serait à améliorer. Il y a toujours des détails à modifier, mais dans ce cas, pas grand-chose. Une autre béquille peut-être, plus stylée... Dans l'ensemble c'est une réussite.

Bref, le Enzo est un mini-vélo super équipé : Fourche à suspension mono-shock, freins à disques hydrauliques, pneu à haute pression (110 psi) avec bande de roulement style moto.

Je suis pas mal fier de ce dernier né, que je savais être le dernier d'ailleurs.

Et le Lorenzo? Aussi un mini-vélo, aussi des roues de 20". Mais l'approche est différente. Au départ, je voulais faire un vélo hyper-compact, hyper-maniable, un passe-partout pratique, agile et serviable, avec sa cage avant montée sur le cadre. 3 vitesses internes au moyeu arrière. Les vitesses internes? Ah! Le bonheur. J'en ai parlé en long et en large sur le défunt blogue Urbanista (republié dans ÜrbArt5). Ce système est précis, rapide, sans souci et tellement adapté à l'urbanité cycliste.

Le concept de la cage avant, montée sur le cadre, est là pour ne pas influencer la direction. Dans le cas d'un autre vélo de la gamme Urbanista, l'Ivan (et le Ivanna, version femme du l'Ivan), la cage, ou plutôt, le plateau de chargement est monté sur la fourche avant. Ce plateau vire avec la direction. Dans le cas où l'on surcharge ce plateau, cela influence évidemment beaucoup la direction.

On s'habitue, mais cela demande plus de contrôle. C'est pourquoi je me suis dit que, si ce plateau de chargement faisait partie du cadre, la fourche serait libre de virer aisément. Par contre c'est le cerveau qui doit s'adapter. Aux premiers essais, on a l'impression que la direction est faussée, car la cage ne bouge pas. Seule la direction vire. C'est une fausse impression car, si on fait abstraction de ce que l'on voit, le vélo se comporte tout à fait normalement. On peut le prouver en enlevant la cage. Il faut donc juste s'habituer. Mais ne s’habituons pas à tout. C'est un peu comme avoir toujours conduit une voiture manuelle et passer à une automatique. On a l'impression que la boîte de vitesse est mal ajustée. L'inverse est aussi vrai.

Le troisième, le Leonardo, c'est exactement le même principe que le Lorenzo mais à dérailleur 7 vitesses.

Pourquoi avoir développé une petite gamme de mini-vélos? Pour bien des raisons.
Mais tout d'abord par ce que j'ai senti le vent du large et celui-ci annonçait cette mode. Au Japon, c'est l'explosion dans le milieu urbain. En Europe, c'est une sorte de retour. En Amérique du Nord... Ça va venir.

Trop tôt? Peut-être, mais il fallait que je les fasse avant de partir. Et de toute façon, certains modèles doivent être présentés longtemps avant de décoller. J'espère seulement que le distributeur et les représentants auront la patience nécessaire au développement de cette catégorie.