mardi 30 mars 2010

Peindre à deux


Peinture en direct au MainLine Theatre, le jeudi 25 mars 2010

Retour sur la peinture en direct au MainLine Theatre, avec Mélissa Montagne, dit Melsa.

Peindre à deux sur la même toile est un exercice de confiance, de respect, mais aussi d'exploration de soi-même et de l'autre.
De soi-même d'abord car, entraîné par l'autre, on se doit de franchir ses propres limites, de sortir de son sentier, de son tracé, afin d'explorer des côtés insoupçonnés de sa propre créativité.

En frôlant l'art de l'autre, cela oblige à une certaine humilité tout comme à une certaine audace confrontant ses réflexes, ses habitudes et autres maniérismes issus de l'inévitable solitude de l'artiste.
Repasser où l'autre vient de peindre, se faire colorer un espace préalablement composé en tons sur tons, modifier une forme, retracer un coup de pinceau... Autant de gestes qui pourraient être perçus comme autant d'incursions dans l'art de l'autre. Mais dans ce cas, comme c'était le jeu, les règles tacites d'ouvertures et de tolérances se sont naturellement et simplement imposées.

En se plongeant dans l'exercice de peindre avec quelqu'un d'autre, sur le même support, sur le même terrain, on ne peut qu'évoluer. Et c'est alors que l'acte de peindre prend une dimension nourrissante et enrichissante. Le but n'étant plus la finalité de l'oeuvre, mais bien le processus créatif, on peut alors se consacrer corps et âme à l'Art, avec un grand « A ». Car peindre, c'est avant tout ressentir par le geste et l'application d'une matière colorée, une émotion non pas primaire, mais bien primale : la déclaration d'existence. « Je peins, donc je suis! »

vendredi 26 mars 2010

Peinture en direct



Il faut se lancer à l'eau pour savoir une fois pour toute si on sait nager.
Jeudi soir dernier, c'est en gros ce que je ressentais avant de tracer le premier coup de pinceau sur le mur du Mainline Theatre, sur le boulevard Saint-Laurent. À l'invitation du groupe "Acrylique Acoustique" (Mélissa Montagne aux pinceaux et Sébastien Moreau aux guitares), je me suis retrouvé à exécuter une oeuve en direct à deux peintres.

N'ayant fait cela qu'une seule fois à l'occasion de l'exposition à la Tohu, c'est en exploration totale que je me suis lancé car, il s'agissait ici de peindre à deux. Pour Mélissa Montagne, qui n'en est pourtant pas à sa première performance, il y avait aussi une part d'inconnu. Et l'inconnu pour elle, c'était moi. On ne se connaît que depuis quelques mois.

Nous avons eu l'occasion d'entrer en contact lors d'une entrevue sur les artistes à vélo, publiée sur le blogue Urbanista. Suite à cet article, elle m'avait demandé si je faisais de la peinture en direct. « Pas vraiment, mais je suis toujours partant pour l'improvisation! ».

Nous ne nous sommes que très peu concertés pour cette performance. Quelques indices çà et là pour un peu définir nos repères, mais sans plus. Et il n'en a pas fallu de plus pour que la chimie opère. J'ai découvert une artiste généreuse et sans aucune chasse gardée. Nous avons vraiment peint ensemble. Les coups de pinceau se sont à maintes reprises superposés, repris, soutenus, suivit... Étonnamment, nous n'avons pas échangé beaucoup de mots car je pense que la longueur d'onde était parfaite.

Comme il s'agissait de créer une oeuvre permanente pour le lobby-bar d'une salle de spectacle underground, il était dit que nous aborderions le thème de l'urbanité colorée. Pas question pour ma part de faire une oeuvre sombre...

Nous avons observé le style de l'autre et à quelques reprises même, nous l'avons rejoint. Je ne suis vraiment pas un coloriste et, à mon grand étonnement, je me suis retrouvé avec un pinceau gorgé de mauve, puis de jaune et de bleu. Pour sa part, elle est allée explorer des terrains plus flous, plus terreux qu'à son habitude.

Comme il s'agissait d'une murale, le coup de pinceau était très différent que sur une toile. L'intention magnifiée, le trait exagéré afin de libérer l'image essentielle. Pour moi ce fut un apprentissage sur le tas. Heu... sur le mur!

Le guitariste qui nous accompagnait, Sébastien Moreau, a offert à l'assistance un choix de pièces classiques d'abord, puis plus contemporaines, d'une sensibilité et d'une sonorité s'harmonisant parfaitement avec notre création. Il a su animer la soirée d'explications sur sa musique tout plus intéressants les uns que les autres.

Une expérience très différente de la performance à la Tohu. Une expérience à renouveler.



images sur Facebook/Alec
images sur Facebook/Melissa

Visite matinale - 4

Je serai ce vendredi matin, 26 mars
de 10h à 12h,
à l'exposition "Mémoire usinée"

Galerie Art Neuf
Centre culturel Calixa-Lavallée

3819, avenue Calixa-Lavallée
H2L 3A7 Montréal
Au coeur du Parc Lafontaine
Carte Google
Accès : Par la rue Rachel - Métro : Sherbrooke - Autobus : 24 Est
Stationnement gratuit
www.artneuf.ca
artneuf@bellnet.ca
514 872-3947 - 514 523-3316

L'événement sur Facebook

lundi 22 mars 2010

Peinture en direct



Peinture en direct

avec le groupe Acrylique Acoustique
Sébastien Moreau (guitare) et Melsa Montagne (peintre)
le jeudi 25 mars à 20h, au MainLine Theatre
3997, Saint-Laurent, Montréal
514 849-3378

Prix d'entrée: 5$
http://www.mainlinetheatre.ca/fr/content/fringe-montréal
http://alecart.blogspot.com/2010/02/mainline-theatre-peinure-en-direct.html

mercredi 17 mars 2010

Perdre son temps


Le pont des soupirs
acrylique sur toile - 2009 - 24" x 48" (61,0 cm x 121,9 cm)

série "Usines" www.alec5.com

Lors du vernissage de l'exposition "Mémoire usinée", la commissaire de l’exposition, Anne Évangéline LeBlanc m’a fait remarquer à quel point les gens semblaient prendre plus leur temps pour regarder et s'imprégner de mon travail.
Et c’est justement l’un de mes propos que je veux faire ressortir par mes toiles : où est passé le temps? Il y a une époque, pas si lointaine, où le temps semblait se fondre en harmonie dans le quotidien. Aujourd’hui, ce serait plutôt le quotidien qui fait fondre le temps au point de le faire disparaître.

L'expression, perdre son temps prend, à mes oreilles, tout un autre sens. À l’instar du regard que l’on peut avoir sur un verre à moitié rempli, perdre son temps serait justement le moyen de le retrouver. Prendre une marche, regarder, s’arrêter, respirer… Voilà ce qu’il faut faire pour regagner ce temps qui nous échappe par l’optimisation continuelle que nous tentons d'exécuter. Agenda à la main, à l’ordinateur, au iPhone, au Blackberry, nous le remplissons de peur de le perdre. Mais c’est justement en le remplissant de la sorte que nous l’occultons. Il n’a plus de place pour nous laisser voir et vivre ce qui nous entoure.

Je veux perdre du temps à en gagner. Et si pour certains, le temps c'est de l’argent, alors je veux être riche de temps qui passe. Et je veux passer du bon temps avec lui.

dimanche 14 mars 2010

"Mémoire usinée" - suite de l'exposition


La grande verrière extérieure
acrylique sur toile - 2009 - 36" x
48" (91,4 cm x 121,9 cm)
série "Usines" www.alec5.com

Une personne qui n'avait vu mes toiles que par le net, m'a fait des commentaires intéressants sur le fini et la texture de mes oeuvres en les découvrant à l'exposition "Mémoire usinée". Elle s'étonnait de ressentir autant de douceur de l'acrylique, elle qui, de prime abord, n'aimait pas ce médium.

Je reprends ici un peu ce que je lui écrivais en réponse.
La texture, la matière, le brossé sont des éléments importants pour moi. Après tout, c'est le fait même de peindre que de jouer avec cela. Mais je ne suis pas fervent de coups de pinceaux trop visibles en générale, voire ostentatoire, ce genre de traces éclatantes qui semblent vouloir dire : « Hey! Je suis un artiste! ». Je préfère que l'image prenne le dessus sur l'exposé du geste.
Malgré tous, il y a des coups de pinceaux fortuits qui parlent tellement, au-delà même de l'intention du peintre, que je les laisse survivre à l'essuyage ou au brossage!
Ce "brossé" est longuement et énergiquement travaillé, ce qui est paradoxal d'ailleurs, car la douceur que voient certains, voire la plupart, dans mes toiles de la série Usines, est issue en fait d'une grande énergie déployée.

« J'ai aussi vu, senti, dans toutes ces toiles, une sympathie, un amour pour ces objets architecturaux injustement tombés en disgrâce. »

Je suis tellement heureux que les gens voient ce dont j'avais envie de parler à travers cette série "Usines". Le temps. L'époque. Cette façon dont les choses étaient faites. Avec cette sorte de naïveté, de candeur qui permettait de ne pas penser aux coûts de productions mais, en plus de la fonction de l'objet, à sa beauté. Que ce soit sur le plan architectural, du design d'intérieure ou du design d'objet, il y avait un souci du bien fait, dans la mesure des moyens techniques de l'époque, bien sûr.

À travers des impressions floues de souvenirs épars, j'essaie de retrouver et de témoigner de cet état d'esprit. Pourtant je ne suis pas du tout de cette génération. Mais elle me parle à travers les décennies, voire le siècle.

mardi 9 mars 2010

MainLine Theatre - peinure en direct


Photo : David Fraser

Une expérience nouvelle : Peinture en direct avec une autre peintre.
Melsa Montagne m'a proposé de partager un nouvel espace de création. Nouveau parce que ni elle ni moi avons vraiment fait l'expérience de peindre à quatre mains, deux esprits et deux styles.
Il m'est arrivé une fois de me retrouver à peindre en direct sur une toile collective, mais il s'agissait plus de peindre sa partie du tableau.
Ici, nous allons essayer de fondre nos styles en une oeuvre homogène. Cette oeuvre sera permanente car exécutée directement sur des portes et un mur intérieures au MainLine Theatre qui accueil entre autres le festival Fringe de Montréal.

Melsa Montagne est une jeune peintre montréalaise dynamique et créative qui s'est joint, il y a quelques années, à un concept de duo musique et peinture, le groupe Acrylique Acoustique.
www.artcoustik.com

Peinture en direct au MainLine Theatre, le jeudi 25 mars à 20h
3997, Saint-Laurent, Montréal
514 849-3378
http://www.mainlinetheatre.ca/fr/content/fringe-montréal

vendredi 5 mars 2010

Clip "Mémoire usinée"



Clip monté pour l'exposition "Mémoire usinée" à la galerie ART NEUF du Centre culturel Calixa-Lavallée.
Thème musical : Dan Thouin, Half Dub 1, de l'excellent album Mile End Waverly

mercredi 3 mars 2010

Retour sur le VERNISSAGE - Mémoire usinée



Un vernissage est toujours une expérience dont on ne peut rien prévoir à l'avance. On se fait une idée générale, mais c’est toujours une surprise. Et celui-ci n’y a pas fait exception. Ce fut l’occasion de rencontres multiples, de visages connus et d’autres à découvrir...
L'occasion de rencontrer pour la première fois des gens qui me suivent par le blogue ou le site depuis un moment déjà. Entre autres, j'ai eu le plaisir de rencontrer Marie-Josèphe Vallée dont le travail m'avait interpellé il y a quelques années. Il y a dans le travail de cette artiste, quelques points communs avec le mien. Nous nous sommes ainsi reconnu dans nos oeuvres.
C'était l'occasion aussi de rencontrer aussi Sylvain, "Le vadrouilleur urbain" qui, depuis quelques semaines, donne un relais média important à l'annonce de cette exposition. Il y avait aussi l'artiste Michel Picotte, amateur de vélo qui fut intrigué par le cadre de vélo peint à la main ArtBike.

Mais au-delà du fait d’y découvrir des gens, ce qui m’a le plus touché, c’est que pour beaucoup, le sens de ma démarche semblait suffisamment transparaître de mes toiles. Plusieurs m’ont parlé de la dichotomie entre l’austérité du sujet, les usines, et la douceur du travail. « Austérité et tendresse » à mentionné quelqu'un. Il avait parfaitement raison. Je perçois dans la genèse industrielle du début du siècle, une innocence et une tendresse qui ont fait de la moindre usine une oeuvre conçue et construite avec un certain charme, une certaine tendresse. Les détails architecturaux en témoignent.
Il en est de même pour la machinerie qui était tout naturellement enjolivée de fioritures inutiles au demeurant, mais qui faisait de ces énormes monstres, de paisibles et gentils dragons de fonte.

En parlant de ma peinture, quelqu’un d'autre a même parlé de « flouisme »! J'aime beaucoup ce néologisme. Le fauvisme, l'impressionnisme... et maintenant, le flouisme. Pourquoi pas!
C'est précisément ce flou, émanant de notre inconscient visuel, que je cherche à faire ressurgir. L'émanation mnémonique spontanée.

Je suis content de l'ensemble de l'exposition, de sa « composition ». Car il s'agit bien là d'une composition. Je suis content de l'harmonie des oeuvres. Décidément, je suis encore très loin de pouvoir présenter une exposition éclectique!

"Mémoire usinée "
, jusqu'au 10 avril 2010

mardi 2 mars 2010

Première critique de "Mémoire usinée"

Première critique de l'exposition "Mémoire usinée" par le vadrouilleur urbain .
À lire : Le vernissage d'Alec à la galerie Art Neuf

« L’artiste réussi à faire de son époque le symbole de tous les autres, génial, libre et sans concession, tout cela donne à son art une inimitable signature. »

Le vadrouilleur urbain
« Le Blogzine du Vadrouilleur urbain est une formule de nouvelles brèves et d'humeur sur l’art visuel. C’est cultiver la paresse active afin de vous livrer les dernières découvertes en art visuel tout en jonglant avec les clichés urbains. »


photo : Sylvain