jeudi 29 mai 2008

Déambulations erratiques


Séparation
Photo, 2003
Série "Floues",
www.alec5.com

Déambulations erratiques

Il fait beau, il fait chaud (enfin presque) et c'est très difficile de s'enfermer dans un atelier de sous-sol. S'il s'agissait d'un atelier ensoleillé, aux larges vitrages industriels, je ne dis pas que j'y serais tout le temps, mais bien plus souvent!
Dans un sens, ce n'est pas si grave, du moins j'essaie de m'en convaincre. Cette pause créera peut-être une rupture nécessaire à l'évolution de mon travail.
L'exposition que je devais donner ces jours-ci à Magog est reportée, probablement pour le printemps prochain.

Je pense aussi qu'un ressourcement visuel est nécessaire. Afin de mettre en pratique ma théorie de l'émanation mnémonique spontanée, j'irai immerger mon inconscient visuel dans des quartiers urbains et industriels par de longues déambulations erratiques.

Le temps me manque bien plus qu'autrefois, à l'époque où je pouvais partir durant quatre à six heures de marche à travers la ville, à l'affût de détails architecturaux, de détours de ruelles, d'ambiances différentes et transcendantes.

Il suffit qu'une frise de toiture de tôle rouillée, soutenue par une structure en bois vermoulu, vienne languir sa coulée d'oxydation ferreuse sur un mur de briques qui, autrefois blanc et luisant, accuse aujourd'hui le passage du temps par sa décrépitude, offrant ainsi autant de minuscules obstacles à la coulée ocre, la faisant dériver ici et là, pour que cette image s'inscrive comme une toile abstraite dans mon esprit en pleine captation sensorielle.

Ces longues marches replacent le temps, replacent l'être, restituent l'espace et l'époque, permettant, après coup, un certain recul sur cette implacable réalité.
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mercredi 21 mai 2008

Merci Claude Rajotte


La frénésie industrielle
acrylique sur toile - 2008 -
24" x 36" (61,0 cm x 76,2 cm)
série "Usines" www.alec5.com

Merci Claude Rajotte

De nature, je suis récalcitrant à l'éclectisme sous toutes ses formes, surtout en musique. J'ai du mal à écouter un disque qui n'a pas de suite logique, sous prétexte d'être créatif et de vouloir toucher à tout les genres. Lorsqu'on me propose une atmosphère et que celle-ci me plaît, je n'aime pas être déranger.
Une exception : L'émission de Claude Rajotte sur Espace Musique de Radio-Canada. C'est un savoureux et déstabilisant mélange de techno, drum'n bass, électro-jazz, funk... De quoi attraper la plus virulente des urticaires culturelles. Mais Rajotte a le don de trouver la ligne, de créer la fluidité sonore qui fait que même si on est surpris, il nous prend par la main et nous emmène sur des avenues sonores enrichissantes.

Comme je peins enrobé de musique, l'univers sonore est très important pour moi.
Depuis quelque temps, je préfère me faire surprendre par l'inconnu, par la nouveauté. Ainsi, être trimballé sur les ondes "rajotiennes" est vecteur de sursauts créatifs très inspirants. D'autant plus que je n'ai pas de disque dans ces genres musicaux et que, même si j'en avais, je ne serais pas porté à préméditer mes choix. Je me laisse transporter, bousculer, séduire, agacer par ce que Claude Rajotte propose. Il faut dire aussi qu'il fouille profondément dans des avenues parallèles que lui seul peut explorer en toute connaissance de cause.
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jeudi 8 mai 2008

Émanation mnémonique spontanée - suite


La grande usine
acrylique sur toile - 2008 -
36" x 48" (91,4 cm x 121,9 cm)
série "Usines" www.alec5.com

L’homme, d’un certain âge, s’était avancé lentement vers la toile. Se penchant, il a baissa ses petites lunettes. Son autre main, dans le dos, semblait vouloir faire contrebalant, tant il s’était penché, collant presque son nez sur le canevas. Puis, se redressant, il recula tout aussi lentement et compara les toiles environnantes.
Devant cette vision d’ensemble, un étrange sourire s’inscrit sur son visage. Heureux? Plutôt troublé.
C’est alors qui sembla chercher quelqu’un autour de lui. Son regard s’arrêta sans grande hésitation sur moi.
— C’est vous l’artiste?
— Oui.
S’approchant, il regarda encore une fois les toiles sur le mur. Puis, pointant l’ensemble il déclara :
— Vous savez, j’ai vécu tous ça!
Il me raconta alors qu’il venait d’une ville minière, dans le nord, me décrivant les ambiances lourdes, humides et chargées de poussières. Il me questionna sur mes origines. Je dû lui avouer que je n’avais jamais vécu dans de tels environnements, mais que, par certains voyages, j’avais vu cela.
— Mais vous avez su le transmettre du plus profond de vous à vos images peintes.

C’est, en résumé, un des plus beaux compliments que j’ai reçu sur mon travail des « Usines ». Cela me pousse à continuer et cela vient aussi conforter ma théorie de l’émanation mnémonique spontanée.

Émanation mnémonique spontanée : résurgence de la mémoire profonde de l'histoire vécue ou ressentie d'un lieu et d'une époque.

Et d’ailleurs, j’irais beaucoup plus loin dans cette théorie un peu farfelue, de prime abord que je tente d'élaborer avec ma série des "Usines".
Comme je l’expliquais, l’autre jour à des amis, je soupçonne fortement que le génome contient une mémoire du vécu qu’il transmet d’individu en individu.

J’en veux pour exemple deux observations : J’ai perdu mon père à l’age de 5 ans et demi. Il y a donc une grande part de son héritage de connaissances à laquelle je n’ai logiquement pas eu accès. Mon père avait un intérêt très particulier pour l’ingénierie (il dessinait toutes sortes de véhicules, de systèmes d’aquarium multiples, de machines complexes), mais, par contrainte paternelle, il a dû suivre la voie toute tracée de la médecine. Pour palier à son désir d’ingénierie, il a contourné le problème en se dirigeant vers la radiologie, science en développement à l’époque. Évidemment, il ne s’est pas contenté d’utiliser sa machine de radioscopie. Il l’a modifié, adaptée, allant même jusqu’à innover dans le domaine de la mammographie par immersion.
Parallèlement à cela, étant ami de Jacques Piccard, fils du célèbre Auguste Piccard (immortalisé par Hergé sous les traits du Professeur Tournesol), mon père à participé (je ne sais pas à quel niveau*) à la construction du sous-marin commercial, Mésoscaphe. J’ai appris, assez récemment, qu’il envisageait aussi de s’installer aux États-Unis, après ses études, fascinés comme beaucoup d’autres personnes à son époque par l’Amérique des possibilités infinies.

Tous cela pour dire qu’aujourd’hui, je me vois avoir émigré en Amérique du Nord, au Canada, avoir été à la conception initiale du sous-marin Omer, détenteur du record du monde de vitesse depuis de nombreuses années et être devenu designer de vélos de compétition, de route et de montagne, et de vélos urbains….

Deuxième observation : ma mère m’a dit un jour « Dans tes toiles, tu transmets les couleurs, les oxydations et les odeurs, la poussière et la noirceur de la ferronnerie de ton arrière-grand-père maternel. »


Arialdo Stephani (gauche), Auguste Piccard (centre), Jacques Piccard (droite).

*Rectifications d'une lectrice assidue :

... «Je tiens, cependant à rectifier, avant que quelqu'un d'autre rectifie...que ton père a été engagé par les Piccard au moment de la mise à l'eau du Mésoscaphe à Naples, Sorrente? Comme traducteur, il recevait les journalistes italiens et expliquait en italien à ceux-ci ce que Jacques et son père expliquaient de leur invention en allemand et en anglais ou en français.
Ton père, toujours très près des Piccard, a officié, cet été-là, dans une ambiance merveilleuse, m'a-t-il souvent dit, comme " hôtesse d'accueil" et barrant ainsi les curieux trop collants, sélectionnant aussi les visiteurs trop vifs .
Ses qualités linguistiques, son charme à l'italienne, sa connaissance du sujet avaient conquis les Piccard, pour un été, Il s'occupait aussi des rendez-vous avec la presse. Il était "chauffeur" car ils logeaient tous (la famille Piccard ainsi que madame Piccard, dans un hôtel très chic, au-dessus de la baie de Naples. Ton père y était invité.
C'est surtout, ses possibilités linguistiques qui leur rendaient service.
Voilà, petite mise au point... devoir de mémoire ! »
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dimanche 4 mai 2008

Dernière semaine d'exposition




Dernière semaine d'exposition

Dernière semaine d'exposition à la Tohu. Déjà? J'ai l'impression d'avoir accroché il y a quelques jours seulement. Cela a passé tellement vite! C'était ma plus grosse exposition jusqu'à présent et j'aurais voulu en profiter encore plus. Rares seront les occasions où je pourrais exposer plusieurs périodes, plusieurs séries dans un cade aussi vaste.
Je suis très content de la réponse par rapport à mon travail. Ça me motive à continuer et à exposer encore et, surtout, à présenter encore une fois la performance...
Bon, je retourne dans mon atelier!
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