lundi 26 mars 2007
La nuit
L'angélus
acrylique sur toile - 2006 - 34" x 48" (86,4 cm x 121,9 cm)
Série "Formes noires"
www.alec5.com
La nuit
Ah! La nuit. Pour moi, c'est une zone temporelle de prédilection pour la création. Pas de bruits, pas de téléphones, pas d'éléments perturbateurs. Mais surtout, un temps suspendu dans un univers immatériel.
Je ne sais pas pourquoi, mais le jour, même si, par chance, rien ne me dérange, le temps semble passer inexorablement plus vite. La réalité de ce temps semble plus marquée. Peut-être est-ce dû au fait que nous avons toujours morceler la journée en sections distinctes. Le matin, le midi, l'après-midi, le soir... Voire plus encore : La fin d'après-midi, le début de soirée...
La nuit est la nuit. Qu'elle soit à 22 heures ou à 4 heures.
Lorsque je suis en phase de création, j'en oublie jusqu'à l'espace qui m'entoure. La nuit, le temps flotte. Musique de fond, jazz au début, puis plus la nuit avance, du classique généralement, contemporain de préférence (Debussy, Chostakovitch, Mahler, etc.), et surtout, le plus de toiles vierges possible.
Alors commence un ballet de pinceaux, de couleurs et de mouvements, des variations de rythmes, tantôt lents et feutrés, tantôt énergiques et rapides. Deux, trois, quarte toiles en même temps. Je pars de l'une, transfert sur l'autre, laisse reposer, regarde ailleurs, perçoit un détail, quelque chose de sous-jacent, reprend ce détail, recule, passe à d'autres toiles.... Cela peut durer des heures, toute la nuit quelque fois. Et l'énergie dépensée est considérable. La concentration extrême. D'où cette déconnexion du reste du monde. Seul l'instant présent prévaut.
Puis, longtemps après, c'est le moment du recul. Je relève enfin les toiles du sol, en pose une, sur le chevalet et les autres çà et là. Je vais m'asseoir alors sur le petit tabouret de bois dans un coin reculé de l'atelier et je contemple. Quelques détails à travailler. Je me relève, modifie et reviens m'asseoir. Encore quelque va-et-vient et finalement je ne me lève plus.
Et le temps passe et passe encore. Je regarde. J'essaie de comprendre ce qui s'est passé. Je n'y parviens pas souvent. Alors, il n'y a plus rien à faire. Je vais me coucher.
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