Déjà, lorsque je m'étais mis à dessiner des vélos urbains, après avoir dessiné des vélos de route, je m'étais rendu compte que mon travail se transformait en une sorte de mission sociale : celle de proposer aux gens quelque chose de différent qu'un simple vélo. C'est ce que j'ai fait avec les vélos Urbanista : donner le goût d'enfourcher une bicyclette parce qu'elle vient chercher quelque chose d'émotif en dedans de soi, rien que par son esthétique et, ensuite, se rendre compte que de rouler en ville, n'est pas si compliqué, ni épeurant, du fait, en autre, que sa monture réagit parfaitement bien et offre une stabilité rassurante.
Ainsi, je participais modestement à améliorer le quotidien des cyclistes et néo-cyclistes urbaines, en faisant en sorte que l'on se sente mieux, plus en forme, mieux dans son environnement. De voir quelqu'un sourire sur un Urbanista était une grande récompense.
Aujourd'hui, je suis propulsé dans une autre industrie, celle des fauteuils roulants. C'est un tout autre monde qui pourtant a de nombreuses similitudes. Techniquement, on utilise aussi de la fibre de carbone et de l'aluminium, on utilise aussi des roues à rayons et des pneus de route ou de rue.
Mais la grande différence, évidente de prime abord, est qu'il n'est pas question d'un cycliste qui désire un vélo, mais d'un utilisateur qui DOIT avoir un fauteuil. Malgré cela, ce n'est pas une raison pour avoir n'importe quoi. "Tant qu'à faire", comme dirait l'autre, pourquoi ne pas avoir ce qu'il y a de mieux et pourquoi ne pas "tripper" sur son fauteuil, voire même en être fier?
En faisant une simple étude de marché pour positionner un nouveau modèle, je me suis rendu compte que cette industrie est en plein changement de perception. L'utilisateur réalise qu'il est possible d'avoir de bons véhicules dont la technologie n'a rien à envier aux meilleurs vélos de compétition.
Comme je viens de l’industrie cycliste, c'est un peu, et peut-être beaucoup pour cela que Motion Composites m'a proposé de participer au développement de leur marque. Je m'y suis plongé avec coeur, réalisant que la mission sociale venait de prendre un grade de plus. Pourtant, étrangement, jusqu'à très récemment, j'avais peut-être occulté l'utilisateur dans mon esprit. Une bonne et mauvaise chose! Bonne chose, parce que ça me permet d'avoir une vision totalement différente et de ne pas avoir peur de proposer des concepts plus proche de la philosophie du vélo que du handicape. Après tout, faire oublier le handicape par le plaisir d'utiliser un fauteuil hyper-performant et d'une esthétique soignée, n'est-ce pas là aussi une facette de la mission?
Mauvaise chose car justement, je ne prends pas toujours conscience de certains problèmes inhérents à l'utilisation d'un fauteuil. Mais j’apprends, grâce à un proche qui vient juste de recevoir son premier fauteuil. Drôle de hasard!
Mais en plus de la mission sociale rehaussée, j'ai le plaisir de travailler avec une équipe visionnaire, dynamique et surtout extrêmement compétente, pour qui chaque idée nouvelle est non seulement la bienvenue, mais est rapidement prototypée pour fin de validation. Motion Composites a une très bonne équipe de jeunes ingénieurs "ingénieux", des peintres, de couturières, de soudeurs et d'usineurs tout aussi créatifs que dévoués à la mission. La personnalité de cette entreprise est à l'image de ses deux propriétaires, Éric Simoneau et David Gingras, qui ont su bâtir une atmosphère unique en sachant s'entourer de bonnes personnes. C'est tellement agréable d'être accueilli chaque matin par des salutations et des sourires!
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