Alec Stephani peint, mais il n’est pas que peintre, il
écrit, mais il n’est pas qu’auteur, il fait de la musique, mais il n’est
pas que musicien, il fait de la photo, mais il n’est pas que
photographe. Pour lui ces modes d’expression et les autres qu’il utilise
ne sont que cela, des outils pour s’exprimer.
À la base Alec Stephani est un créateur. Il le dit lui-même « J’ai
vraiment, viscéralement, le besoin de créer. Alors quand je trouve un
média qui correspond à ce que je veux faire au moment où je veux le
faire, c’est lui qui sort.» L’expression d’Alec Stephani est urbaine et
il cherche à l’inscrire dans l’urbanité présente. Il se défend de faire
une observation ou une critique de l’urbanité même s’il admet qu’à
travers une partie de ses créations et de ses designs il cherche souvent
à revenir à la conscience artisanale d’antan et à l’émotion que
suscitaient alors les objets.
Repenser le vélo et le fauteuil roulant
Un
exemple de cette façon de voir se trouve dans le design de vélos
qu’Alec Stephani a fait pendant de nombreuses années. Il en faisait déjà
depuis un certain temps lorsqu’il en est venu à se demander ce qu’était
un bon vélo. « Je suis revenu à la base et je me suis dit qu’il fallait
aller chercher la conscience de l’objet avant même de créer l’objet.
Qu’est-ce qu’un vélo au niveau émotif ? Un souvenir, une appartenance,
une impression, un moyen de transport, un compagnon ? C’est tout cela à
la fois. J’ai donc décidé de créer un vélo culturel, un vélo émotif dont
on a envie de se servir pour des gens qui ne font pas de vélo et qui ne
connaissent pas le vélo. Je voulais aussi qu’on retrouve le plaisir du
vélo qu’on laisse dans la ruelle et l’émotion de liberté qui peut s’en
dégager. » C’est ainsi qu’est née la gamme Urbanista, des vélos
techniquement ultramodernes au design et à la fonctionnalité émotive
d’une autre époque.
Alec Stephani a délaissé ses vélos pour collaborer maintenant avec
une entreprise qui fabrique des fauteuils roulants en carbone pour gens
actifs, des chaises de tous les jours, précise-t-il, très légères et
très
design. Il a abordé ce nouveau défi un peu de la même
façon qu’il l’avait fait avec les vélos. Il a donc mis de côté ses
préjugés et il a essayé l’objet. « J’étais à dix mille lieux de penser
qu’un fauteuil roulant pouvait être un objet aussi performant, aussi
efficace, aussi léger, aussi
design aussi. » Alors, pourquoi ne
pas en faire un objet de fierté, demande-t-il, pourquoi se handicaper
davantage avec un objet qui ne répond pas aux besoins ?
Le projet électro-acrylique, de la musique sur toile
Quoi
de plus normal pour un artiste multidisciplinaire que de vouloir faire
le pont entre plusieurs formes d’expression ? Quoi de plus étonnant que
les formes d’expression choisies soient la musique et la peinture ?
C’est justement ce qui surprend dans le projet électro-acrylique.
Il s’agit essentiellement d’une rencontre, d’une conversation, sur
scène, entre le peintre Alec Stephani et le designer sonore DJ Pfreud qui
allie musique et peinture. La musique est en quelque sorte créée par le
bruit du pinceau sur la toile qui devient un instrument. Il s’agit de
placer des capteurs sonores sur la toile et les sons ainsi recueillis
sont transformés, changés, amplifiés, malaxés, synthétisés et
réalimentés au peintre qui y répond par d’autres mouvements, d’autres
coups de pinceau et la conversation
picturo-musicale
s’engage.Il a fallu un an pour trouver les instruments électroniques
adéquats et pour en arriver à créer une méthode de communication entre
les deux artistes sur scène puisque rien du genre n’avait jamais été
tenté. « Des musiciens sur scène arrivent à communiquer entre eux de
façon non verbale en suivant des paramètres très connus. Il fallait
qu’on développe une méthode pour savoir comment communiquer et que cela
donne quelque chose de cohérent parce que cela aurait pu être un
désastre total. Alec Stephani et DJ Pfreud ont déjà donné quelques
représentations de cette conversation
picturo-musicale avec un
certain succès semble-t-il. À le regarder et à l’écouter, on a vraiment
l’impression qu’Alec Stephani est une véritable machine à créer.
Jusqu’où ira-t-il ? L’inspiration lui fera-t-elle défaut un jour ? Pas
certain ! En cours d’entrevue, sans que la question ne lui soit
directement posée, il a dit « Ce qui me motive dans la création, c’est
toujours se dire....et si... et si on allait plus loin et si c’était
possible. »
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