Récemment, j’ai entamé une sorte de reconversion musicale.
En m’amusant avec «
Garage Band » sur un iPad, j’ai spontanément créé des pièces « électro-beat », très loin de ce que je faisais musicalement il y a bien des années sur scène ou en studio.
J’ai immédiatement senti que je venais de toucher quelque chose d’autre, plus proche de la démarche picturale que de la musique pop!
Parallèlement à cela, et suite à une expérience de
performance musicale picturale à la Tohu, j’ai amorcé un lent processus d’alliage plus profond, d'une immersion plus expérimentale de ma peinture dans la musique. Je suis d’ailleurs en train de monter un projet un peu fou en ce sens.
Mais ce qui se passe depuis peu est en train d’accéléré ma reconversion musicale.
Mon voisin et ami Julien m’a emmené voir un spectacle de «
Dubstep » au
New City Gaz. Rien que pour la place, cela en valait la peine. Le New City Gaz est un immense club de style New-Yorquais (où l’on se fait fouiller à l’entrée), installé à l’intérieure des anciens bâtiments de distribution du gaz d’éclairage du centre-ville de Montréal, à l’époque où les réverbères n’étaient pas électriques.
Les nouveaux architectes du New City Gaz ont prit parti de conserver une grande majorité des murs de pierres ou de briques et des structures de l
’ancienne bâtisse de 1860 et y ont greffé des structures d’acier et de béton lisses, ainsi que l'intégration d'éclairages inusités dans un équilibre parfait de modernité et de design. Les formes pures et simples, sans compromis, contrastent avec justesse dans cet ensemble historique.
Rien que l’immense lavabo commun des toilettes hommes et femmes vaut la peine d’être vue. Les murs même de cette salle sont un subtil mélange de petites céramiques vernies et mattes formant des motifs organiques que lorsque la lumière s’y accroche. Dans le couloir qui fait la jonction entre deux bars de styles très différents, passant justement devant le vitrage des toilettes, de grandes et superbes toiles du peintre suisse
Jean-Daniel Rohrer y sont exposées sur un mur anthracite.
C’est une surprise d’ailleurs de voir des œuvres d’art dans cet environnement, et d’une telle qualité de surcroît.
La place n’ouvre que pour de gros événements. Ce soir-là, nous étions venus écouter et voir
Porter Robinson, un jeune DJ de 20 ans, de Chapel Hill en Caroline du Nord, oeuvrant dans le « Dubstep » avec une aisance désarmante.
Deux autres artistes se produisaient en première et seconde partie.
Ce sont les trois électroniciens de «
The M Machine » qui ont ouvert le bal, ou devrais-je dire presque le « Rave ». Les trois gars hyper énergiques et hyper créatifs nous ont servi un fabuleux mélange de techno, d’électro, de dubstep et de progressif envoûtant et super entraînant.
En un rien de temps, ils ont conquis la salle et même, à mon sens, ont un peu volé la vedette de la soirée, car «
Mat Zo » qui les a suivis, seul à ses machines, nous à offert une techno-dance beaucoup plus convenue et sans surprise. Je trouve même que, du côté de la performance pure, c’était plutôt ordinaire. Un DJ organisant des pré-enregistrements à la douzaine… Je préfère nettement voir des artistes construire et modeler les sons et les rythmes en direct.
Puis ce fut Porter Robinson, la vedette attendue de la soirée. Lui aussi, seul a su tout de même faire preuve de prouesses créatives, remodelant ses propres pièces jusqu’à les déstructurer complètement et emmenées le public dans des avenues plus étranges et plus stimulantes.
Puis cette semaine, un autre de mes amis et voisin, Sébastien, a proposé à Julien et à moi d’aller voir «
Nobody Beats the Drum » à la
SAT, dans le cadre du
Festival de jazz de Montréal.
Le trio Néerlandais, composé d’un alchimiste du rythme, d’un DJ arrangeur complètement éclaté et d’un vidéaste-monteur cuisinant les images avec une créativité renversante, nous ont proposé leur techno électro-industrielle.
Fascinant comme des gars avec des ordinateurs, des modulateurs et autres séquenceurs sont capables de créer en direct des pièces hyper rythmées qui se tiennent parfaitement. Le tout agrémenté de visuels sur écran géant et fragmenté en une dizaine de rectangles verticaux.
Je suis sorti de là en faisant le point. Je ne suis pas un gars de techno à la base, j'ai plutôt un parcours jazz, funk, groove et classique contemporain, mais il est en train de se passer quelque chose à l’intérieure de mon esprit, dans la chambre créative, qui bouleverse mes bases et mes connaissances. Ce ne sera probablement pas de là techno telle que je l’ai entendue récemment qui en résultera, mais le maillage de ma peinture avec une certaine structuration sonore est en train de mûrir en moi et va surgir bientôt en un art hybride exprimé sous forme de performance.
C’est le retour à la scène…