Alec Stephani - Respirer par la création
LAMBERT EXPRESS ENTREVUES - 26 février 2014
Par Pierre-Léon Lafrance - pierreleonl@lambertexpress.com
Alec Stephani peint, mais il n’est pas que peintre, il
écrit, mais il n’est pas qu’auteur, il fait de la musique, mais il n’est
pas que musicien, il fait de la photo, mais il n’est pas que
photographe. Pour lui ces modes d’expression et les autres qu’il utilise
ne sont que cela, des outils pour s’exprimer.
À la base Alec Stephani est un créateur. Il le dit lui-même « J’ai vraiment, viscéralement, le besoin de créer. Alors quand je trouve un média qui correspond à ce que je veux faire au moment où je veux le faire, c’est lui qui sort.» L’expression d’Alec Stephani est urbaine et il cherche à l’inscrire dans l’urbanité présente. Il se défend de faire une observation ou une critique de l’urbanité même s’il admet qu’à travers une partie de ses créations et de ses designs il cherche souvent à revenir à la conscience artisanale d’antan et à l’émotion que suscitaient alors les objets.
Repenser le vélo et le fauteuil roulant
Un exemple de cette façon de voir se trouve dans le design de vélos qu’Alec Stephani a fait pendant de nombreuses années. Il en faisait déjà depuis un certain temps lorsqu’il en est venu à se demander ce qu’était un bon vélo. « Je suis revenu à la base et je me suis dit qu’il fallait aller chercher la conscience de l’objet avant même de créer l’objet. Qu’est-ce qu’un vélo au niveau émotif ? Un souvenir, une appartenance, une impression, un moyen de transport, un compagnon ? C’est tout cela à la fois. J’ai donc décidé de créer un vélo culturel, un vélo émotif dont on a envie de se servir pour des gens qui ne font pas de vélo et qui ne connaissent pas le vélo. Je voulais aussi qu’on retrouve le plaisir du vélo qu’on laisse dans la ruelle et l’émotion de liberté qui peut s’en dégager. » C’est ainsi qu’est née la gamme Urbanista, des vélos techniquement ultramodernes au design et à la fonctionnalité émotive d’une autre époque.
Alec Stephani a délaissé ses vélos pour collaborer maintenant avec une entreprise qui fabrique des fauteuils roulants en carbone pour gens actifs, des chaises de tous les jours, précise-t-il, très légères et très design. Il a abordé ce nouveau défi un peu de la même façon qu’il l’avait fait avec les vélos. Il a donc mis de côté ses préjugés et il a essayé l’objet. « J’étais à dix mille lieux de penser qu’un fauteuil roulant pouvait être un objet aussi performant, aussi efficace, aussi léger, aussi design aussi. » Alors, pourquoi ne pas en faire un objet de fierté, demande-t-il, pourquoi se handicaper davantage avec un objet qui ne répond pas aux besoins ?
Le projet électro-acrylique, de la musique sur toile
Quoi de plus normal pour un artiste multidisciplinaire que de vouloir faire le pont entre plusieurs formes d’expression ? Quoi de plus étonnant que les formes d’expression choisies soient la musique et la peinture ? C’est justement ce qui surprend dans le projet électro-acrylique.
Il s’agit essentiellement d’une rencontre, d’une conversation, sur scène, entre le peintre Alec Stephani et le designer sonore DJ Pfreud qui allie musique et peinture. La musique est en quelque sorte créée par le bruit du pinceau sur la toile qui devient un instrument. Il s’agit de placer des capteurs sonores sur la toile et les sons ainsi recueillis sont transformés, changés, amplifiés, malaxés, synthétisés et réalimentés au peintre qui y répond par d’autres mouvements, d’autres coups de pinceau et la conversation picturo-musicale s’engage.Il a fallu un an pour trouver les instruments électroniques adéquats et pour en arriver à créer une méthode de communication entre les deux artistes sur scène puisque rien du genre n’avait jamais été tenté. « Des musiciens sur scène arrivent à communiquer entre eux de façon non verbale en suivant des paramètres très connus. Il fallait qu’on développe une méthode pour savoir comment communiquer et que cela donne quelque chose de cohérent parce que cela aurait pu être un désastre total. Alec Stephani et DJ Pfreud ont déjà donné quelques représentations de cette conversation picturo-musicale avec un certain succès semble-t-il. À le regarder et à l’écouter, on a vraiment l’impression qu’Alec Stephani est une véritable machine à créer. Jusqu’où ira-t-il ? L’inspiration lui fera-t-elle défaut un jour ? Pas certain ! En cours d’entrevue, sans que la question ne lui soit directement posée, il a dit « Ce qui me motive dans la création, c’est toujours se dire....et si... et si on allait plus loin et si c’était possible. »
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