Utopie ou fantasme absolu, mais un de mes buts, sinon le principal, en termes de design de vélo, est de créer LE BON VÉLO.
Nous vivons dans un monde où chaque objet a une fonction, une classification, une désignation. Et le monde du cyclisme n'y échappe pas, vraiment pas. Il y a autant de sortes de vélos que de sortes de cycliste. Vélo de route, de compétition, de tourisme, de ville, de plage, hybride confort, hybride performance, vélo de montagne, de cyclocross, de cyclosport, de "freeride", de "dirt jump", de "all-moutain", de "down hill", de piste, de triathlon, de "cross-country", etc. La liste ne semble pas en finir.
Mais quel est le vélo qui s'adresse au quidam, à la personne qui n'a aucune connaissance du sujet, celui-là même qui se dit un jour : j'ai besoin d'un bon vélo. Point.
Dans un magasin de vélo, le vendeur, s'il est consciencieux, servira au quidam un véritable questionnaire afin de déterminer exactement quel type de vélo cette personne à besoin. Mais voilà, cette dernière ne cherchait qu'un bon vélo. BON était le seul qualificatif qui correspondait à son besoin. C'était avant tout d'un VÉLO qu'il s'agissait.
Certes un vélo ne peut pas tout faire, bien sûr. L'hybride fût alors inventé afin de répondre à un certain besoin. Mais l'hybride, de mon point de vue, est une aberration. Mi-vélo de montage, mi-vélo de route, il n'est bon ni pour l'un ni pour l'autre. En générale utilisé en ville, il est "overdesign", donc trop lourd, flanqué souvent de gros pneus, voire même à crampon. On ne peut définitivement pas parler ici de BON vélo.
Qu'est-ce alors qu'un BON VÉLO? En vérité, je ne le sais pas encore. C'est le but de ma recherche. Ce que je crois est que ce dernier doit avoir des qualités fonctionnelles et émotionnelles. Les qualités fonctionnelles peuvent être contrôlées. Le choix de bons composants, de bons matériaux est une première étape. Bien sûr, la contrainte budgétaire est tout un défi. il doit être abordable. Mais pas trop! Pas trop? Oui, pour ne pas être de qualité inférieure, mais aussi parce que dans notre monde matérialiste, si un objet est bon marché, il n'aura pas de valeur et donc on ne le respectera pas. Et l'entretien d'un vélo est un gage de sa durée de vie et donc de sa durée d'utilisation. Donc cela me donne une petite marge de manoeuvre créative.
Qualités émotionnelles? Oui car si on est séduit par la machine, on aura alors beaucoup plus facilement l'envie de l'utiliser et, encore fois de l'entretenir comme il le faut.
Mon but avoué ici est de pousser l'utilisateur à choisir son vélo à la place de sa voiture. Une autre utopie? En Amérique du Nord... Peut-être.
Alors je crois avoir fait un pas dans la bonne direction. Ce n'est peut-être pas encore LE BON VÉLO, mais à voir les réactions que suscitent ce vélo, cela m'encouragent.
Dès sa sortie, le CERVIN a généré beaucoup d'intérêt et, ce qui me rempli de joie, par toutes sortes de personnes, dans divers groupes d'âge et dans divers milieux.
Opus Cervin 2009, disponible dès décembre 2008
www.opusbike.com