vendredi 25 février 2011
Tonaliste
Jean Paul Lemieux
The Evening Visitor (1956 )
Pause hivernale. Je suis dans un paysage de Lemieux aux tons doux et harmonieux. Un calme soudain. Une trêve dans ce rythme effréné. Au bord du Lac Brome, en Estrie, un lac gelé et blanc. La neige absorbe les sons et les tumultes bouillonnants de mon esprit. L'horizon laiteux à perte de vue apaise les yeux. Et mes pensées ralentissent enfin. Il était temps!
D'ici, je ne vois plus les détails qui m'obstruent l'esprit. Le temps semble s'être aussi gelé.
Aujourd'hui la douce tempête fait virevolter des tendres bourrasques de fine neige, sans hâte, sans violence aucune. Si seulement la vie pouvait toujours être comme cela!
Certes, à première vue il n'y a plus de couleur que ce blanc omniprésent et ce rare noir de quelques arbres encore vaillants. Mais si l'on s'arrête à ce premier regard, on risque de laisser passer tant de subtiles teintes. Les blancs sont relatifs, suivant s'ils côtoient des gris ou des noirs. Les gris eux-mêmes sont multiples et on peut y déceler des verts ou des roses, des violets ou des jaunes qu'on ne serait apercevoir si on n'ouvrait pas son oeil à la décomposition chromatique.
C'est alors que, dans cet immense désert blanc, on découvre un foisonnement de camailleux riches et subtiles.
Je ne suis pas un coloriste. C'est un constat que j'ai fait alors que j'étais enfant. J'avais fait un dessin de toutes sortes de véhicules en n'utilisant que du rouge et du bleu. Cela devait probablement être de mauvais goût, car ma mère m'avait fait remarquer mon manque de subtilité chromatique. Et, en observant mon dessin, je me rendis compte qu'elle avait raison. Je trouvais ma composition plutôt criarde.
Après toutes ces années de parcours graphique, j'ai réalisé que j'ai finalement transféré ma palette chromatique au domaine du design de vélo, où les agencements dynamiques ont leur place, et j'ai gardé le jeu des teintes et des tons pour mon domaine artistique.
En peinture, je ne suis pas un coloriste, je suis un tonaliste!
Dualité Formelle
acrylique sur toile - 2007 - 36" x 48" (91,4 cm x 121,9 cm)
série "Formes noires" www.alec5.com
mercredi 23 février 2011
Le temps file
Photo d'étude |
Et ma peinture est au ralenti. Chaque toile devient un effort, pas souffrant, pas difficile, mais contrairement à la frénésie des séries antérieure, cette nouvelle série démarre lentement, sûrement et je crois, solidement.
Cette forme figurative demande plus de réflexion, plus de gestation à chaque toile. Cela les rend plus uniques peut-être. Bien que toute toile soit unique. Mais il y a moins l'effet de répétition de série. Chaque image surgit à la suite d'une réflexion et d'une recherche. Je pense ne jamais avoir autant observé ce qui m'entoure. Avant, je laissais sortir instinctivement les images fantomatiques. C'était là même le fondement de ma démarche picturale. Maintenant il s'agit bien plus de faire voir les choses, les objets à travers leur propre mémoire. Chose nouvelle, je vois mes toiles avant qu'elles n'existent. J'accumule des images. Je collecte des détails. Toutes ces pièces visuelles vont former une longue trame d'histoires et d'anecdotes. En tout cas, j'espère que ces toiles susciteront des souvenirs, visuels, sensoriels, et pourquoi pas olfactifs.
Pas grands choses à montrer pour l'instant, mais tellement d'images dans ma tête. Il faut qu'elles sortent. Reste à trouver du temps, de l'énergie et peut-être un meilleur espace...
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