dimanche 9 septembre 2012

Retour sur une soirée de performances




Samedi soir, c'était la deuxième soirée de performances en tous genres : "Les aiguilles tournent à l'envers".
Organisé dans deux grands lofts d'artistes, dans un des derniers anciens bâtiments industriels du centre-ville de Montréal, la programmation proposait une foule de performances diverses allant de projections de film d'art, ou de vidéo-montages artistiques, de musique expérimentale, de performances d’artistes de cirque ou de danse, de dj, etc.

Arrivé avec tout mon matériel une heure avant le coup d'envoi, j'ai installé mon massif chevalet ancestral et ma toile de 4' x 6' sur une grande bâche de vinyle noir, à côté des tables tournantes du dj.

En fait, le coup d'envoi s'est déroulé dehors, dans le parking d'en face. Nous avons sorti, non sans efforts, un gros piano droit. Simplement flanqué d'un spot d'appoint, un des artistes a spontanément entamé quelques notes sur le clavier. S'accompagnant d'une rythmique buccale qu'il maîtrisait très bien, il a plaqué une série d'accords aux sonorités loundge très modulées et dansantes. Sans être de la programmation, cette performance spontanée valait le détour.

C'est après cela qu'un autre pianiste a entamé des pièces de classique contemporain avec une virtuosité remarquable qui contrastait avec l'usure et la subtile dissonance du piano. Dans la nuit urbaine, éclairé par un spot et les lumières presque aveuglantes, juchées tout en haut d'un building en construction, cette scène avait déjà quelque chose de surréaliste. C'est alors que deux artistes de cirque se sont mêlés à la prestation musicale. Spontanément, ils ont commencé à parodier, avec justesse et sans moqueries, des danseurs classiques, tout en jonglant avec de grosses balles blanches. Entrechats et jongleries exécutés avec brio, défiant quelques fois la gravité. Il y avait quelque chose de magique de ce que ce trio improbable nous offrait.

La suite des performances se déroula en haut, dans les grands lofts.

Montant le long d'un escalier de métal et de ciment où un flot de personne commençait à circuler à double sens, les deux lofts résonnaient déjà d'une certaine fébrilité créative.

J'ai ouvert tous mes pots de peinture, sorti mes pinceaux de l'eau et entamé ma grande toile, me lançant comme d’habitude dans l'inconnu pictural.

Les performances et prestations se passaient partout, les unes après les autres, soit sur les murs, soit sur des espaces délimités au milieu de la foule. Au plus fort de la soirée, nous devions être près de deux cents personnes. Il faisait chaud.

Je me suis vite senti dans une certaine et agréable bulle créative. Mon espace au sol, délimité par la bâche noire, me donnait une liberté de mouvement. À quelques reprises, des gens sont venus me parler, commenter ou me questionner sur ma pratique. C'est une des raisons pour laquelle je suis motivé à faire des performances en public : partager le processus créatif en le montrant, inviter les gens dans ma tête.

Je regrette peut-être d'avoir été si concentré sur ma toile, que je n'ai pas assisté à la moité des performances, surtout celles du deuxième loft.

Il faut soulignier le travail et l'effort bénévole de l'organisation pour tenir un tel événement. Graphisme soigné de l'affiche, utilisation judicieuse des réseaux sociaux pour la communication de l'événement, déroulement de la programmation sans accroc des multiples performances.

C'est suite au succès d'une première soirée complètement improvisée, en avril, que la jeune équipe de lofteurs a décidé de réitérer l'expérience avec plus d'organisation. Et c'est un succès. Grosse affluence dans une ambiance bonne enfant d'émerveillement et de découverte des diverses performances.

À un moment donné, un dj est venu agrémenter la soirée avec des thèmes "dubstep" qui m'ont inspiré d'une façon très différente.

Ce que j'ai compris ce soir-là est que je suis en train de vouloir passer de peinture en direct, soit la création libre et spontanée sans lignes directrices, à la performance interactive musico-picturale. En peinture en direct, je me sens libre, mais je crois qu'en performance musico-picturale, je me sens encore plus stimulé et poussé à explorer plus à fond ce que ma peinture peut devenir dans de tel contexte.

J'ai donc encore plus hâte d'entamer la prochaine phase : les performances "Électro-Acrylique".

photos : René Obregon-Ida

LES AIGUILLES TOURNENT À L'ENVERS
Soirée Performance
Danse, concerts, projections, peinture
Samedi 8 septembre 2012




Usine à capteur de temps
acrylique sur toile - 2012
48" x 72"
série "Usines"
www.alec5.com

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