Et tes romans? De quoi parlent-ils?
On me pose cette question. La réponse est assez simple : Ils parlent (mis à part le premier) de ce que je connais et de ce que je voudrais connaître. Ils parlent d'art, d'artistes, de découvertes, de parcours.
En fait, au départ, c'était simplement l'envie, ou même le besoin, de mettre sur papier une idée, une histoire qui m'était passée par la tête. Et puis cela a donné un premier roman, "Le futur simple", réécrit une bonne dizaine de fois, un roman que je ne renie pas, mais que je ne qualifierais pas vraiment comme tel. C'était plutôt un exutoire, un ramassis de style. Autant historique que scientifique, autant fiction que science-fiction, autant biographique que... rien du tout, en fait. Mais cela m'a fait comprendre une chose : j'aime écrire.
Il s'est passé un moment avant que je me relance dans un autre roman. Et c'est ce plaisir d'écrire qui m'y a poussé. Alors, au lieu d'échafauder tout un scénario, j'ai simplement créer des personnages et je les ai observé se démener dans ce livre.
Et c'est là que j'ai compris comment j'aimais écrire : comme un observateur de ce qui allait se passer. Je connais le point A, je pressens le point B et je laisse les personnages se rendrent au point B par leur propre moyen, selon ce que je découvre de leurs personnalités. C'est, en fin de compte, à peu près la même démarche qu'en peinture. Pas d'images préconçues, pas de thématique préétablie.
Et cela a donné "Métal".
« Le souvenir de l'incursion d'une pièce métallique dans sa chair, lors d'un accident de voiture, durant son enfance, poussera Thomas à retrouver cette sensation unique, acre et amère, mais si douce à la fois.
Une quête qui lui fera découvrir l'art par le biais de la sculpture et d'une rencontre. »
Puis, ayant abordé la sculpture, je me suis dit que je devais traiter de la peinture. Ce fut "Le pinceau d'Ocre".
« Lentement, elle leva son bras. D'une main vacillante mais ô combien précise, elle posa délicatement les poils chargés de peinture grasse, ocre et sale sur la toile. Celle-ci, à leur contact, tressaillit comme si un frisson l'eut soudainement envahie.
Elisabeth réajusta ses petites lunettes oblongues, replaça une de ses longues mèches d'argent qui tombait sur son front ridé et recula de quelques pas. Elle ralluma son mégot de Gitane papier mais, et d'une profonde bouffée, elle fit la pause de la matinée. »
Autre champs d'activité dans lequel j'ai sévit par le passé : la musique. L'envie d'entremêler musique et art visuel à donné "La dernière note".
« L’immense atelier était littéralement envahi de toiles plus mouvementée les une que les autres. La lumière du soleil les léchait, ça et là, recomposant certaines par de nouvelles surfaces d’ombre et de clarté. Léa avança lentement. Percussions, cuivres, cordes… Tout était là, les rouges, les noires, les bronzes, les triolets de touches éparses, des doubles croches de griffures spontanées. Ça dansait, ça bougeait. Léa sourit. Elle se laissa entraîner par la musique. »
Ce sont les quatre romans achevés. Les trois derniers sont à éditer... (avis aux intéressés!).
Entretemps, il y a eu quelques autres essais, comme "Gaucho", l'histoire romancée de mon vieux camion noir. Pour ceux qui l'ont connu, vous savez qu'il y a de quoi en faire un roman!
« Autant il y avait absence de vibrations, autant le souvenir de celles-ci résonnait encore dans ses organes immobiles, comme un infime frisson issu d'harmoniques de longues distances anciennement parcourues. Cela n'était ni le noir, ni le vide, uniquement le néant incommensurable de l'attente sans but, sans finalité. Il ne faisait que ressentir les contractions et les dilatations, les compressions et les expansions, les condensations et les évaporations... Et surtout, les multiples niveaux complexes de vibrations, des plus forts aux plus infimes, ceux-là mêmes qui lui permettaient d'entendre. Car il entendait. Il avait toujours tout entendu et perçu, tout ce qui se passait dans sa cabine. »
Actuellement je me suis lancé dans une histoire plus complexe, dans sa forme de narration, que je ne peux pas vraiment encore en préciser la direction générale. Disons simplement qu'il s'agit d'une réflexion sur le bonheur par le biais d'images fugasses.
"Pour une nanoseconde de bonheur".
« Le geste était lent et naturel. Cette main tendue dans l'espace semblait vouloir capter l'insaisissable instant d'un illusoire bonheur, l'instant que l'on voudrait éternel, après qui l'on base même le sens de sa vie. Mais tout ce travail, toute cette quête pour une nanoseconde si fugace, fait que lorsqu'on la frôle, on exulte et on panique à la fois, sachant que rien ni personne n'a jamais pu avoir le moindre contrôle sur cet état de grâce.
Capté sur mémoire flash, ce geste avait la douceur et la lumière d'un Vermer, si ce dernier, évidemment, avait pu peindre le mouvement. Il avait la volupté et la suggestion d'un Ingre, et une résolution numérique à la fine pointe de la technologie. ».
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