vendredi 9 février 2007

Premier survol


Le télégraphe
acrylique sur toile - 2006 - 36" x 48" (91,4 cm x 121,9 cm)

série "Formes noires"
www.alec5.com

Premier survol

Créer, pour moi est avant tout une façon de respirer, de me nourrir, mais aussi de me décharger. C'est un besoin viscéral qui, s'il n'est pas assouvit, peut me mettre dans un état de manque étrange, proche de la faim. C'est aussi psychique que physique.
Pour cette raison, j'ai instinctivement développé plusieurs champs de création, dans des domaines divers. Sorte de moyen de m'assurer un résultat quoi qu'il advienne. Cela s'est souvent avéré salutaire, car si le dessin n'allait pas, par exemple, la musique m'apportait cet exutoire nécessaire à mon bien-être. Si celle-ci faisait défaut à son tour, il y avait encore les projets de design, ou encore un roman en chantier. Bref, d'une façon ou d'une autre, il y avait toujours moyen de s'en sortir!

Puis, après de nombreuses années, je me suis rendu compte que toute cette énergie se dilapidait sur les multiples cordes d'un arc qui ne visait pas grand-chose finalement. Car les divers domaines de création ne se mêlaient que très rarement.
Alors il m'a semblé nécessaire de couper quelques cordes et d'en tisser une, plus solide : les arts visuels.

Seuls ont subsistés, alors, la peinture, le design et l'écriture. L'écriture? Oui car mes romans (même si je suis pourri en orthographe, et cela ne m'empêche pas d'avoir un plaisir sans borne pour écrire) traitent essentiellement d'art visuel, plastique ou sonore. La dimension littéraire me permet d'explorer le visuel sur un tout autre plan, celui du pur imaginaire de chacun. Car même si la description de telle ou telle image ou forme peut être largement et longuement élaborée, reste que chaque lecteur se fera, selon sa connaissance, son parcours ou sa compréhension, une image reflétant sa propre concrétisation visuelle.

C'est un peu ce que je laisse aussi dans ma peinture : la possibilité de l'interprétation de chacun.

Avec le temps, la peinture c'est imposée, pour moi, comme l'élément principal, l'univers le plus évident à explorer. Ma formation de graphiste, de designer, mais aussi, et surtout, mon enfance d'atelier de peintre, de pinceaux, d'odeurs de térébenthine, la vision des toiles de ma mère progressant tranquillement au rythme des musiques classiques diffusées à la radio, tous ces éléments auront certainement marqué mon esprit et mon instinct pictural.

Cette nécessité absolue de créer ne s'est pas assagie, loin de là, mais s'est canalisée sur quelque chose de plus serein. Et je pense que ma peinture d'aujourd'hui en témoigne.

Après la période des "Surfaces" et des "Structures" (voir www.alec5.com), la période des "Mécaniques" (1990-1991) a été une sorte d'exutoire pour un ensemble de sentiments complexes, issus de ma situation de l'époque. Changement de cap professionnel, changement de pays, et de status civique (divorce).

Une grande pose d'une dizaine d'années a été nécessaire pour que je puisse à nouveau plonger dans l'univers de la peinture "active". Active, parce que je n'ai pas l'impression d'avoir arrêté pour autant mon parcours pictural durant ce temps. Mon graphisme a subi de grands changements issus des "Mécaniques". Ma façon même d'aborder l'illustration, la mise en page, les choix de couleurs, ont subi l'influence de cette période.

Le retour à la peinture "active" a débuté en 2004. Puis en 2006 c'est ma "rentrée montréalaise" avec une première exposition, à la galerie Gora. Depuis, c'est l'envie de faire sortir de l'atelier les oeuvres, d'une part pour ne pas trop s'y attacher (comme je l'ai fait pour les séries précédentes), mais aussi parce que je ressens le besoin de mettre au jour un travail que j'ai enfin envie de partager.

Et ce blogue (ou blog?) est une extension (bien de son temps) à ce besoin de partage. Alors voici ce premier texte, cette première improvisation sur thème...

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