mercredi 29 février 2012

exHumachina


exHumachina
acrylique sur toile - 2012
30" x 48" (76,2 cm 121,9 cm)
série "Humains"
www.alec5.com


Finalement, après avoir terminé cette toile hier soir, tard, je me suis levé ce matin avec son titre final : exHumachina
"La machine hors de l'homme", comme si celui-ci avait été défait de son moteur, de sa puissance, de son énergie. Le jeu de couleurs déclare ce transfert. L'humain est neutre autant dans sa posture que dans ses teintes. La machine, pour sa part, est complexe, profonde et arbore du rouge saignant et du jaune dynamique.
Mais, finalement, ce n'est pas l'humain face à la machine, c'est lui-même, son miroir, sa traduction métallique et mécanique.

Les grands formats

Je participe à une exposition collective à la Galerie des Cantons, à Magog du 18 février au 8 avril.
Vernissage ce samedi 3 mars de 14 à 17 hrs.

Les artistes participants:
Alec Stephani, Jocelyn Blouin, Jean Coté,Françoise Euzénat, Miguel Forest, René Guillemette, Gabriel Lalonde, Micheline Landry, Benoit Lévesque, J.Michel Poulin, Étienne St-Amant, Sandra Tremblay, Francine Vernac.


Galerie des Cantons
PLACE DU COMMERCE
52 RUE LAURIER LOCAL 30
MAGOG QUÉBEC
J1X 2K3
TÉL.:819-868-1881

Courriel |ducanton@estrien.com |

samedi 25 février 2012

Work in progress



Il des fois où je me demande ce que je cherche. Ce que je vois souvent en résultat me montre cruellement que ce n'est pas ce que je veux. Je sais pourtant ce que j'aime d'une toile et ce que je veux voir, mais mes mains ne se laissent pas aller à cette liberté tant recherchée. Car en plus du message de l'image, je crois que la façon et la manière font aussi partie du discourt.

Par exemple parallèle, une lettre qui, à contenu identique, présentée soit manuscrite, soit dactylographiée, ne transmettra pas le même sens à un niveau subconscient. La dactylographiée ne pourra pas traduire le même niveau de sensibilité, même si celle-ci est de toute évidence plus claire à lire. On n'aura pas la dimension supplémentaire que peut offrir la manière visuelle de l'écrit manuel.

Or, en peinture, il me semble que cela est aussi observable. Une peinture hyperréalisme, bien que spectaculaire et d'une clarté absolue n'aura pas ce supplément d'âme issu de l’erreur, du défaut, de l’imprévisible. J'admire des peintres comme Lucian Freud ou Kent Williams, qui sont capables de transcender l'image par la facture picturale. Ils y ajoutent une dimension non pas hyperréaliste, mais hypersensible. Et c'est cela que je cherche à atteindre maintenant. Je veux pouvoir traduire autant la force que la faiblesse de ces personnages et mettre en relation la force et la faiblesse de système mécanique qu'ils côtoient.

Cette nouvelle toile est en progression. Je crois que c'est la première fois que je montre une oeuvre inachevée. Mais je pense que le personnage est pour sa part achevé et du coup, la toile vient de prendre son premier sens. Surtout pour moi, car j'ai touché ce que je voulais atteindre! Vais-je pouvoir continuer sur cette lancée? Il faut dire que les conditions étaient particulièrement et étonnamment favorables. Un après-midi "libre", un fabuleux café d'un ami une heure plus tôt qui m'avait mit sur un rythme effréné, une musique enivrante...
Je réalise maintenant que le travail ne se fait plus seulement sur la toile, mais aussi sur moi.
À suivre.

samedi 18 février 2012

Galerie à Magog



Certaines de mes toiles maintenant disponibles en Estrie, à Magog, à la Galerie des Cantons.


La Factory II 24" x 30" - Dualité : La falaise 24" x 36"


Forme noire 1 48" x 24" - Forme noire 2 48" x 24"


Industrie et terre 30" x 24" - Soir sur Peshawar 24" x 30"


Jonction industrielle 24" x 36" - La grande verrière extérieure 36" x 48"

Galerie des Cantons
52 Laurier, Magog
J1X 2K3
819-868-1881
www.galeriedescantons.com

mercredi 15 février 2012

Les Séries

exHumachina
acrylique sur toile - 2012
30" x 48" (76,2
cm x121,9 cm)série "Humains"
Série Humains
7e phase (2012-...)

Observer le corps comme on découvre une machine et son émanation énergétique inertielle. L’image du corps étant statique, il ne peut s’en dégager que la résultante de l’effort. Donc, non plus dans son action, mais dans son résidu mnémonique des tissus, de la matière même du corps.

La machine, elle, fait de même. En prenant un cliché de celle-ci, on ne la voit pas en action, mais son énergie transparaît à travers l’image prise en instantané. Et ce qui est paradoxal, c’est que cet instantané révèle en fait une beaucoup plus longue période de temps : le vécu.

En mettant en parallèle un humain et une machine, je cherche à observer toutes les similitudes énergétiques, mnémoniques, voire historiques possibles de l’un et de l’autre.

L’émanation énergétique inertielle est pour moi l’essence même de « la force tranquille », mais est-elle si tranquille que cela? Même si l’humain semble au repos, il vibre encore de l’effort effectué. La machine, même si on l’éteint subitement, continuera à dégager sa chaleur. Le corps aussi.

Plus loin dans le temps : Si on observe une ancienne machine de proche, si on la touche, ou même simplement en y étant pleinement attentif, on peut y déceler encore l’énergie qu’elle a produite ou consumé par le passé. Pourquoi? Parce que l’émanation énergétique inertielle fait désormais partie de ses entrailles, de ses atomes.

Il y a des corps dont émane aussi facilement cette énergie inertielle, des corps qui parlent, qui s’expriment rien qu’en étant là. Le charisme? Probablement. Mais il ne s’agit pas de caractère, il s’agit de présence, de masse, tout comme la machine.
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La douille de lampe
acrylique sur toile - 2011
24" x 30" (61,0 cm x 76,2 cm)série "Métal"
Série Métal
6e phase (2011-...)

Dans cette série de toiles, je veux observer sans juger, traduire sans reproduire, évoquer sans raconter, laisser l'impression de l'image parler d'elle-même.
Entamée par la série "Usines", la démarche de l'Émanation mnémonique spontanée a engendrer un besoin de plonger dans le figuratif afin d'explorer la nature même et le vécu des objets observés.
J'ai maintenant le goût de voir ce qui m'intrigue. Ne plus simplement le suggérer, mais l'observer. Voir et brosser rapidement l'essentiel de ce que je ressens par rapport à l'image de l'objet, son émanation. Oui, il s'agit encore d'émanation mnémonique, mais cette fois cela ne vient plus de moi mais directement des formes et des objets que j'observe. Ils ont quelque chose à raconter.
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La grande usine
acrylique sur toile - 2008
36" x 48" (91,4 cm x 121,9 cm)série "Usines" 
Série Usines
5e phase (2007-2011)

« C’est un travail sur la mémoire architecturale, non pas dans son sens construction, ni esthétique, mais sur l’émanation mnémonique spontanée, la perception de l'histoire vécue ou ressentie d'un lieu et d'une époque. »

Je me rends compte maintenant que tout mon processus pictural est en train de se cristalliser sur la mémoire inconsciente, instinctive et spontanée, celle qu’on ne peut expliquer mais qui est là, sous-jacente à chaque mouvement, geste ou décision que l’on prend.
À l’instar de la mémoire des métaux, par exemple, je crois que le corps en son entier acquiert une mémoire des lieux et du temps qui transcende même la qualification de mémoire.

En stimulant le réflexe, le geste spontané, et surtout en se « débranchant » non seulement des contrôles de forme, de justesse mais aussi des normes reçues ou établies, il devient alors possible de retranscrire des images sans même les concevoir. Seule cette mémoire interne pourra s’exprimer et faire surgir des images peut-être floues, mais qui laisseront à tout un chacun un espace interprétatif libre, pouvant réagir selon sa propre émanation mnémonique spontanée.

C'est peut-être pour cela que je me balade entre l'abstraction et le figuratif...
C'est peut-être aussi pour cela que je peins les yeux mi-clos, comme me l'a fait remarquer quelqu'un lors de la performance. Je ne regarde pas vraiment ce que je fais, je le perçois.
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Terres noires
acrylique sur toile - 2006
26" x 38" (66 cm x 95,5 cm)série "Formes noires"

Série Formes noires
4e phase (2004-2010)

La démarche est en réalité une contre-démarche. Plonger tête première dans une image en formation. Se mettre en déséquilibre afin que l'instinct pictural prime sur la réflexion conceptuelle. Au besoin répéter l'expérience mainte et mainte fois, afin de pouvoir cerner la cohérence de l'image. Ne pas essayer de comprendre ni ce qui se passe, ni ce qui pourrait se passer. Ne pas réfléchir, mais bien agir sur la toile, jusqu'à ce que l'image se stabilise.

Le point de départ est toujours une forme noire dominante, qui impose, par sa structure, le sujet de l’histoire. Viennent alors se juxtaposer des teintes et des formes, sorte de contrepoints justifiant la présence et l'existence de la forme noire. Chaque couleur est spontanément saturée de noir. Cette saturation exprime l’usure, le travail et la véracité de la vie.
Les teintes sont simples et complexes à la fois, pour que l’on puisse voir plus que ce qu’il y a dans la composition, que chaque observateur puisse décerner les images qu’il peut s’inventer, en apercevant par transparence des niveaux de lecture multiple.

La démarche, s'il en est une, est de faire abstraction de toute formation académique, quelle qu'elle soit, de tout ce qui pourrait entraver le processus créatif, de toute démarche conceptuelle, et ne laisser s'exprimer que l'essence même de ce l'on est.

C'est à chaque fois un plongeon dans une image qui surgit au fur et à mesure des mouvements, des couleurs et des formes. Il n'y a pas de concept initial. Chaque toile est issue d'un désir de surface, qui, progressivement, s'approfondit par couches et interventions successives, et forme enfin une sorte de cohérence de couleurs et de structures. Peindre, c'est se mettre souvent en situation de risque. Il y a une peur constante durant l'exécution, une sorte de stress dynamisant, une curiosité de ce qui va se passer, et un plaisir immense lorsque les choses se mettent soudainement en place. Cette excitation de sentir le moment précis où la cohérence s'installe et que l'image prend forme est le moteur même du désir de peindre.
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American Fields
acrylique sur toile - 1991
34" x 48" (86,4 cm x 95,5 cm)série "Mécaniques"Série Mécaniques
3e phase (1991-1992)

Immersion dans une période d'ingénierie, les structures visuelles s'inscrivent dans une thématique anecdotique purement mécanique.

Une part de moi est attirée par l'ingénierie et la mécanique. Dans cette série, je me suis laissé aller à exprimer ma relation dans un domaine qui, de prime abord, semble peu ou pas artistique. Mais il s'agit bien là d'un univers de création sculpturale. J'ai tenté de transférer la notion tridimensionnelle dans un univers pictural bidimensionnel. Même si l'abstraction est la base de la composition, les éléments anecdotiques sont des supports à la narration. Les paysages, s'ils apparaissent quelques fois, sont là pour définir l'espace, pour définir la scène.
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Échaffaudage 4
acrylique sur toile - 1991
48" x 24" (121,9,4 cm x 61 cm)série "Structures"

Série Structures
2e phase (1990-1991)

À l'instar des échafaudages architecturaux qui semblent cacher ce qu'ils construisent, les thèmes visuels se composent de structures apparentes. C'est le besoin de rendre visible la recherche des formes et des surfaces, le besoin de comprendre, sans cacher ce qui se trame durant le processus créatif.

Je voulais montrer ce qui est invisible dans le processus de création : les structures organisationnelles qui construisent l'image sur la toile. Je voulais rendre apparent ce qui ne se montre pas, ce qui se passe dans la tête du créateur. Rapidement, ces structures ont pris une place prédominante à la composition.
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Carapace
acrylique sur toile - 1991
48" x 24" (121,9,4 cm x 61 cm)série "Surfaces"
Série Surfaces
1e phase (1990)

C'est une période de découverte de la toile, de sa surface et de sa texture, d'assemblage des formes visuelles et des couleurs d'où vont émerger une palette de tons et de formes qui seront les éléments récurrents dans tout le parcours artistique. C'est le fondement du travail.

Cette série fut ma première incursion dans le monde de la peinture. J'ai voulu déstructurer mon apprentissage graphique, progressivement. C'est aussi les premières recherches de couleurs, l'établissement de ma palette de base, les ocres, les blancs et les noirs. Cette période a été pour moi la découverte de la surface de lin, la relation sensorielle avec la toile, avec son grain et ses textures, avec l'objet même, le tableau.
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mardi 7 février 2012

Images en relations


Encore et encore
acrylique sur toile - 2012
30" x 48" (76,2 cm 121,9 cm)
série "Humains"
www.alec5.com


Cette fois, j'avais envie de voir ce que l'interaction de deux images sur la même toile pouvait évoquer comme discours, comme ce qui s’est passé lorsque j’ai mis « La fatigue » à côté de « Hopper mécanique », mais au lieu de créer un diptyque, c’est une toile unique.

Cela semble raconter bien plus qu'il n'y parait. Et c'est tant mieux. En fait, je viens de faire un pied de nez à ce que je pensais du figuratif, c'est-à-dire que le fait d'illustrer quelque chose de concret enlevait à celui qui observe, la possibilité de laisser aller son imagination et sa propre interprétation de ce qu'il comprend. Or là, on veut comprendre la relation de ces deux images qui semblent sans rapport. Alors on échafaude des théories de toutes sortes.
Allez-y, racontez ce que vous y voyez! D'ailleurs c'est pour cela que je n'ai pas encore indiqué de titre.

Je regarde mon atelier et les humains s’y intègrent bien, y ralliant les autres séries. Ils savent côtoyer et faire parler les toiles de la série « Métal » de façon très particulière. Mais aussi celles de la série « Usines ». Je n’ai pas fait l’expérience avec les séries « Mécaniques » et « Structures ». Mais je pense que cela ne fonctionnera pas aussi bien car mon « brossé » a changé.
Bref, je dois continuer à explorer la relation « Métal » et « Humains ».

lundi 6 février 2012

L’humain : l’élément manquant



Jusqu'à présent, dans l'évolution de ma démarche "Émanation mnémonique", c'était l'observation de la mémoire intrinsèque de l'objet, de son émanation physique en harmonique avec notre propre mémoire d'un lieu ou d'une époque qui me fascinait.

En peignant maintenant des humains, j'observe les corps de la même façon que j'observe l’histoire d'un objet, de par sa forme et son usure. Les humains sont avant tout pour moi des formes desquelles émane une mémoire, un vécu. L'homme-objet? La femme-objet? Pas du tout. En tout cas pas comme notre société le décrit ni le décrie. C’est l’humain dans sa forme sculpturale qui m’intéresse. Pas dans sa personnalité, quoique celle-ci émane de facto, mais dans son état d’existence par rapport à son temps et son lieu. L’humain est un élément parmi d'autres qui se place dans un lieu de par son volume et son énergie au même titre que la machine ou l’objet qu’il côtoie. Mais l’humain est aussi l’élément de connexion entre ces objets et ces lieux, ainsi que ces époques.

L’humain, c’est l’élément manquant qui peut maintenant réunir mes autres séries picturales et amalgamer les diverses formes et définitions de ma démarche en un tout cohérent.